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Le déversement par le Japon des eaux contaminées par la radioactivité ne repose sur aucun fondement scientifique
2024/04/17

(Note de l'éditeur : Cet article reflète le point de vue de l'interviewée et pas nécessairement celui de CGTN.)

La compagnie d'électricité de Tokyo (TEPCO), exploitant de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima Daiichi, vient d'annoncer la fin du premier déversement en mer des eaux contaminées par la radioactivité. Au total, 7 800 tonnes d'eaux « traitées » contenant 1 244 milliards de becquerels de tritium ont été rejetées comme prévu.

Comme auparavant, toutes les données disponibles à ce jour proviennent de la seule source de TEPCO, sans aucune mention d'autres radioéléments que le tritium, ni aucun endossement de tierces parties indépendantes. Cette pratique arbitraire continue de soulever des interrogations et inquiétudes chez les populations vivant dans le pourtour du Pacifique, en ce qui concerne le bien-fondé scientifique du déversement et la crédibilité des opérations de TEPCO.

Les autorités japonaises utilisent soigneusement le terme « eaux traitées » pour donner l'impression que les eaux contaminées par une forte quantité de radioéléments ont été correctement traitées. Si la concentration en tritium, à elle seule, pourrait sembler faible et sûre, à en juger par certains « critères », les eaux contaminées, même après le traitement, contiennent divers autres radioéléments, dont notamment le carbone-14, l'iode-129 et le césium-137, comme l'ont révélé de nombreux rapports. L'exposition à ces particules aura des impacts graves sur les cellules et les organes des humains. Sans les données sur tous les radioéléments rejetés en mer, les conclusions défectueuses des tests réalisés par la partie japonaise ne peuvent être considérées comme scientifiques.

Ce qui est encore plus préoccupant, c'est la manière dont les données sont collectées et traitées. Dès le jour où le gouvernement japonais a pris la décision de déverser les eaux contaminées, toutes les données qui auraient permis au grand public de former son propre jugement provenaient d'une seule source : TEPCO. Pourtant, c'est justement cette entreprise, mal réputée au Japon et à l'étranger en raison de ses scandales de dissimulation d'accidents, de retard dans les interventions et de violation des engagements, qui est à l'origine de ce désastre.

Même sur le site officiel de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui est censée participer à la surveillance du rejet des eaux, les données publiées jusqu'ici proviennent toutes de TEPCO. Il n'y a aucune preuve d'un engagement indépendant de la communauté internationale. En raison de la nature du déversement, qui aura certainement des impacts pour toute la planète, il est impératif d'avoir une participation plus large à la surveillance et à la supervision de cette opération, sans quoi l'ensemble du processus pourrait difficilement être considéré comme scientifique.

En outre, le rejet des eaux contaminées devrait se poursuivre pendant au moins 30 ans. Pour un processus aussi long, le risque d'accidents augmente à mesure que les installations du déversement vieillissent. Ni TEPCO ni le gouvernement japonais n'ont fourni de plan de réserve, qui est pourtant une pratique courante dans un projet à long terme. Laisser faire sans agir n'est ni scientifique ni responsable. Dans cette opération du déversement, le temps ne pourra rien faire, si ce n'est d'aggraver les dégâts. Par conséquent, il faut mettre en place dès maintenant un mécanisme indépendant et transparent pour surveiller l'écosystème maritime sur une longue période.

Il est donc compréhensible et raisonnable que les habitants des pays voisins soient très préoccupés par ces actes qui affecteront les nourritures qu'ils prennent, l'environnement dans lequel ils vivent et la façon dont ils gagnent leur vie. Personne ne leur a montré une image complète de la situation. Personne ne leur a indiqué le véritable dessous des cartes. Peut-être que personne ne l'ose. Ils ont le droit d'interroger, de protester et de prendre des mesures telles que la restriction de l'importation des produits de la mer aux environs de Fukushima pour prévenir les graves conséquences. Même l'administration américaine, qui a félicité le Japon pour le projet de déversement, a interdit l'importation des produits de la mer des régions côtières du Japon, qui sont les plus susceptibles d'être contaminées par les eaux depuis le début de l'année. Présenter ce genre de « louanges » comme un « soutien du monde » n'est rien qu'une tromperie.

Ignorer la colère des gens directement touchés et la qualifier d'irrationnelle pour faire valoir un récit déformé, comme l'a fait récemment le Premier Ministre japonais, est moralement répréhensible. La meilleure façon de calmer la colère et les inquiétudes suscitées par le projet de déversement est de le cesser immédiatement. Comme l'ont souligné la Chine et d'autres parties concernées, si les eaux contaminées par la radioactivité étaient vraiment sûres, le Japon n'aurait pas à les déverser en mer, et si elles ne l'étaient pas, il ne devrait en aucun cas le faire.

(Auteur : Xin Ping / Photo : CFP)

(L'auteur est un commentateur des affaires internationales, écrivant régulièrement pour Global Times, China Daily, Xinhua News, CGTN, etc. Il peut être contacté à l'adresse : xinping604@gmail.com. )

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